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Université de Montréal

Solange Lefebvre

La place du religieux dans l’espace public

Solange Lefebvre

FACULTÉ DES ARTS ET DES SCIENCES

Professeure à l’Institut d’études religieuses

Titulaire de la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse de l’UdeM

 

 

Les sociétés occidentales sont confrontées au pluralisme religieux avec la présence d’une diversité croissante des croyances dans l’espace social et l’espace politique. Les attentats terroristes de septembre 2001 ont, pour leur part, changé la perception qu’ont ces sociétés du phénomène religieux. D’où l’importance d’une expertise universitaire quant à la détermination de la place du religieux dans la sphère publique.

«Le religieux est devenu un sujet brûlant et nous avons vu plusieurs disciplines aborder la question. Effectuer une recherche ponctuelle sur le religieux à partir d’un domaine quelconque, c’est une chose, mais faire de la question religieuse et spirituelle le centre de ses recherches et de son enseignement, c’en est une autre», précise Solange Lefebvre, qui plaide pour une place à part entière des études religieuses: sciences des religions, théologie et spiritualité.

Devant les enjeux qui se dessinent à l’aube du 21e siècle, l’Université de Montréal a jugé comme prioritaire la thématique du pluralisme culturel et religieux. C’est ainsi que Solange Lefebvre s’est vu attribuer en 2003 la Chaire en gestion de la diversité culturelle et religieuse de l’Université de Montréal, en sciences des religions. Première chaire de ce type au pays, elle promeut la recherche multidisciplinaire, le développement d’une expertise, la diffusion des connaissances et la formation sur les nouvelles questions religieuses.

Experte pour la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables lancée en 2007, Solange Lefebvre n’a pas fini d’analyser les retombées de cette importante série de travaux. Elle a cependant poussé l’analyse au-delà des frontières du Québec en effectuant les premières études comparatives des résultats de commissions semblables tenues notamment en Belgique, en France, en Angleterre, en Australie, en Norvège et au Maroc.

Vous êtes pianiste de formation classique. Qu'est-ce qui vous a fait bifurquer vers la théologie?

Un intérêt pour la spiritualité. Ma première année d’études en théologie a été très difficile; je passais de l’interprétation en piano à une discipline très textuelle. J’avais malgré tout la certitude que je deviendrais professeure dans cette discipline!

Que pensez-vous de la place accordée aux études religieuses dans les universités?

Certains prétendent que la théologie n’est pas une affaire universitaire. Or, si nous sortons la théologie des universités, elle se trouvera reléguée dans les séminaires, sous le joug d’autorités souvent très patriarcales. L’enseignement se limitera alors à la reproduction des thèses de l’institution religieuse en question, et celle-ci n’apprécie pas la critique formulée par les universitaires! Laisser les religions se développer uniquement dans des écoles confessionnelles, c’est laisser tomber la grande mission de l’université depuis sa fondation, soit de continuellement confronter la foi à la raison. En théologie, il faut conserver au sein des universités ces pôles indépendants de réflexion historique qui se penchent de manière objective sur des textes sacrés sans être menacés par des autorités religieuses.

 

Quelles pistes de recherche souhaiteriez-vous explorer?

Chaque année, c’est comme si c’était ma première année de recherche, tant le sujet du religieux contemporain est inépuisable! Si l’on regarde le monde de l’éducation, il y a le nouveau programme Éthique et culture religieuse dont nous savons très peu de choses. Quelle est son incidence à long terme, qu’en est-il de l’enseignement concret en classe, quelles sont les révisions qui sont attendues? Et que savons-nous de ce qui se dit à propos de la religion dans les autres cours? Je crois que le débat se cantonne trop au programme éducatif, comme si tout ce qui était enseigné au sujet de la religion était contenu dans ce cadre. Je travaille présentement sur la radicalisation menant à la violence de même que sur l’animation spirituelle dans les organisations publiques.