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Université de Montréal

Portrait de chercheur

Malik Chaker-Margot

Biologie structurale et poésie moléculaire

Malik Chaker-Margot

FACULTÉ DE MÉDECINE

Professeur adjoint au Département de biochimie et médecine moléculaire

« Chaque molécule du vivant a sa propre fonction, sa propre beauté. C’est de la poésie en action! » lance Malik Chaker-Margot. La spécialité de ce chercheur en biologie structurale? La signalisation cellulaire. Grâce à la microscopie électronique, il observe avec une incroyable précision les protéines, acides ribonucléiques (ARN) et autres composants qui interviennent dans le comportement des cellules. Il s’émeut que cette « machinerie cellulaire » s’apparente à des mécanismes que l’être humain a mis des siècles à perfectionner. « Jocelyn Forget, mon professeur de biologie cellulaire, disait qu’on n’a rien inventé : tout se trouve déjà dans la nature! » résume-t-il.

Titulaire d’un doctorat de l’Université Rockefeller, à New York, et après un postdoctorat terminé depuis peu au Biozentrum de l’Université de Bâle, en Suisse, Malik Chaker-Margot est de retour à l’Université de Montréal, où il enseigne aux côtés de ses anciens professeurs. Il cherche notamment à révéler la vie secrète de deux types de molécules : les petites GTPases et les ARN longs non codants. « Mon travail est de visualiser leur structure, d’essayer de comprendre leur fonctionnement et, éventuellement, les dérèglements cellulaires qu’elles entraînent lorsqu’elles sont altérées ou surexprimées. Plusieurs cancers sont causés par la mutation d’une protéine de signalisation », précise-t-il.

Malik Chaker-Margot ne cherche pas que la beauté dans ces molécules, il espère aussi trouver des clés pour soigner la maladie. « La biologie structurale peut contribuer à l’élaboration de nouveaux traitements, bien qu’il s’agisse de recherche fondamentale. En fournissant des informations sur la structure des protéines ou les ARN qui causent le cancer, on facilite la création de molécules qui pourront les cibler », soutient-il. Une cause qui lui tient particulièrement à cœur, puisqu’il y a plusieurs cas de cancer dans sa famille. « Je crois fermement que la curiosité scientifique peut mener à des découvertes qui amélioreront la société », déclare le professeur-chercheur. Et tant mieux si cette curiosité est avivée par la poésie!

Pourquoi vous intéressez-vous aux petites GTPases et aux ARN longs non codants?

Les petites GTPases s’apparentent à de petits interrupteurs moléculaires qui permettent différents processus cellulaires. Elles dictent la manière dont les cellules se divisent et bougent, et sont notamment liées à l’apparition de cancers et à la formation de métastases. Mes recherches portent surtout sur les protéines qui les régulent. Elles sont absolument fascinantes parce qu’elles encodent et transmettent les signaux d’autres molécules et adaptent leur activité intrinsèque en fonction de ceux-ci. C’est incroyable qu’un polymère d’acide aminé puisse faire un travail aussi compliqué.

Quant aux ARN longs non codants, pendant longtemps, on a pensé qu’il s’agissait d’ARN non fonctionnels. Finalement, ils semblent avoir un rôle dans la régulation du comportement cellulaire. J’essaie de comprendre leur fonction en les produisant, en les purifiant et en caractérisant leur structure et les interactions qu’ils peuvent avoir avec d’autres composants cellulaires.

Qu’est-ce qui vous rend le plus fier?

Mes recherches postdoctorales portaient sur un syndrome congénital appelé neurofibromatose de type 1 et qui est causé par la mutation d’une protéine. J’ai eu le plaisir de faire une présentation à une conférence sur la neurofibromatose. Par la suite, plusieurs médecins m’ont écrit pour me dire que mes recherches permettaient d’entrevoir une nouvelle façon de cibler la maladie. C’était la première fois que je mesurais l’influence que je pouvais avoir en tant que scientifique sur la société.