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Université de Montréal

Communications

En ce 8 mars, je vous parle d’ordinateurs

En cette Journée internationale des femmes, je vous pose une énigme. En 1971, lors de la remise des premiers diplômes de notre jeune Département d’informatique, 10 des 45 finissants étaient des femmes. Dans les décennies qui ont suivi, la proportion d’étudiantes a progressé dans l’ensemble de l’université (elle atteint aujourd’hui 67 %). Les sciences de l’informatique, toutefois, ont suivi une tendance inverse. Actuellement, sur 45 diplômés du Département d’informatique et de recherche opérationnelle, seulement 6 sont des femmes…

Que s’est-il passé? On sait que sur les campus nord-américains, les femmes ont commencé à se désintéresser de l’informatique vers le milieu des années 80. Mais on ne sait pas trop pourquoi. L’avènement de l’ordinateur personnel et de la culture « nerd », populaire chez les garçons, pourrait être à la source de ce désintérêt. Mais ce n’est qu’une hypothèse.

Pourtant, les femmes sont présentes aux balbutiements de la discipline. C’est une Anglaise du nom d’Ada Lovelace qui a publié, en 1843, le premier programme informatique, pour le prototype d’une nouvelle machine à calculer. Pour déchiffrer les codes secrets des nazis pendant la Deuxième Guerre mondiale, les Anglais avaient Alan Turing, mais aussi 10 000 autres cryptanalystes, dont 75 % étaient des femmes. Et l’équipe qui a programmé le tout premier ordinateur, ENIAC, était composée de six personnes, toutes des femmes. L’informatique aussi a ses grandes oubliées.

En 2016, les modèles féminins manquent cruellement dans un domaine qui célèbre les Bill Gates, les Mark Zuckerberg et autres Alexandre Taillefer. Et c’est pourquoi notre Département d’informatique et de recherche opérationnelle organise le 16 mars prochain une Journée des femmes en informatique, où des étudiantes des cégeps et des universités pourront rencontrer quelques-unes de nos diplômées qui ont fait leur marque dans ce domaine.

J’ai été témoin de l’arrivée massive des femmes en médecine, qui a transformé ma profession pour le mieux et qui continue à le faire. Et je crois que la société profiterait grandement d’une plus grande présence féminine dans les secteurs d’avenir que sont la programmation et l’analyse des métadonnées.

Les algorithmes et les codes informatiques s’imposent désormais dans presque tous les aspects de nos vies. Ils peuvent servir à optimiser les lignes de transport en commun, mais aussi à interpréter notre génome, à sélectionner des candidats pour un emploi, à trouver une chambre à Paris, un divan à Repentigny ou l’âme sœur à Côte-des-Neiges. Et nous ne réalisons encore qu’un fragment de leur immense potentiel. Nous avons besoin d’une diversité d’intérêts dans la profession et de beaucoup plus de points de vue féminins.