Passer au contenu

Université de Montréal

Communications

Mon ami Halim et le petit Aylan

Dans une de mes vies antérieures, j’ai bien connu un Syrien d’origine du nom d’Abdul Halim Mheir. Il était médecin radiologiste, comme moi, à l’Hôpital Saint-Luc, maintenant intégré au CHUM.

Le :

Dans une de mes vies antérieures, j’ai bien connu un Syrien d’origine du nom d’Abdul Halim Mheir. Il était médecin radiologiste, comme moi, à l’Hôpital Saint-Luc, maintenant intégré au CHUM.

Halim était un homme intelligent, cultivé, passionné, compétent et authentique. Il avait fait ses études de médecine à Paris avant de venir au Québec se spécialiser en radiologie.

Un jour, il m’a raconté qu’il avait quitté son pays natal pour un avenir meilleur. Ce n’était pas un réfugié, mais un esprit libre et ambitieux. Lorsqu’il est arrivé à Paris, un fonctionnaire lui a demandé sa date de naissance. Il a répondu : « Je ne sais pas ! Je suis né dans les montagnes de Syrie, sans registre, vers 1925 ». Le fonctionnaire lui a attribué, par une sorte de décret administratif, le 1er septembre 1925 comme date de naissance !

Halim aurait eu 90 ans, il y a quelques jours. C’était un gentleman, soucieux et respectueux de l’autre, un grand monsieur qui a contribué avec talent pendant des décennies au mieux-être des Québécois.

Vous aurez compris que si je vous parle de lui, c’est parce que j’ai en tête le terrible destin qui a frappé le petit Aylan Kurdi sur les côtes turques et qui émeut en ce moment la planète entière. Notre monde a-t-il à ce point changé en un siècle pour en arriver à priver à jamais le petit Aylan de la chance qu’avait eue en son temps mon ami Halim ?

Nous y perdons tous. Au nom de l’humanité, nous devons corriger le tir.