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Université de Montréal

Communications

Sans oui, c’est non !

Depuis la rentrée, il ne se passe guère une semaine sans que les médias fassent état de comportements déplacés, voire carrément inacceptables sur les campus du Québec.

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Depuis la rentrée, il ne se passe guère une semaine sans que les médias fassent état de comportements déplacés, voire carrément inacceptables sur les campus du Québec.

Au départ, c’était en raison des initiations, ces rites d’un autre âge qui sont profondément ancrés dans les traditions des campus, mais qui sont aujourd’hui franchement anachroniques. Il est plus que temps de changer cette culture d’intimidation et de harcèlement.

Puis, en raison des incidents aux résidences de l’Université Laval, le débat a pris une autre tournure, axée sur la culture du viol qui aurait cours dans les universités. J’utilise le conditionnel, non pour contester l’existence du phénomène, mais bien pour souligner que les universités ne devraient pas être considérées comme détenant le monopole de cette culture. Le brusque changement des projecteurs médiatiques vers l’Assemblée nationale ou le rappel du mouvement #agressionnondénoncée de l’an dernier devraient suffire à nous en convaincre.

Pourquoi alors, dès qu’il est question de harcèlement et d’agressions sexuelles, les universités sont-elles si souvent sous les feux de la rampe ?

Je vois trois raisons à cela. La première, c’est la présence croissante des femmes sur les campus. Pendant l’essentiel de leur histoire, nos universités ont été très majoritairement fréquentées par des hommes. L’UdeM a décerné son premier diplôme à une femme, Marie Gérin-Lajoie, il y a 105 ans, mais ce n’est qu’au milieu des années 90 que les femmes y sont devenues majoritaires.

Aujourd’hui, les deux tiers de nos étudiants sont... des étudiantes. Avec un tel poids démographique, il est normal que les comportements déplacés soient plus systématiquement dénoncés. Cela va continuer, et c’est une très bonne chose. La présence majoritaire des femmes sur les campus agit comme un disjoncteur des comportements misogynes, sous toutes leurs formes.

Le second motif qui explique pourquoi les universités sont au cœur des débats sur la culture du viol, c’est qu’elles sont considérées comme d’incontournables vecteurs de changement sociaux. On se dit : si les choses doivent changer, on peut bien commencer sur les campus !

Ce réflexe fait honneur au pouvoir transformateur de l’institution universitaire. Les attentes de nos concitoyens à l’endroit des universités sont très élevées. Beaucoup estiment que nous formons les leaders et la relève de demain et, à raison, veulent être rassurés sur l’intégrité éthique d’étudiants qui sont appelés à occuper des postes clés dans tous les secteurs de la société. C’est une préoccupation que je partage.

La troisième raison, enfin, qui fait que les universités sont au centre de l’attention publique sur ces questions, c’est qu’elles sont des lieux d’éducation. Et l’éducation est très certainement le meilleur moyen que nos sociétés se sont donné pour améliorer les choses.

La collaboration de tous les acteurs sera requise pour qu’une véritable culture du respect soit désormais la norme sur nos campus et dans la société. C’est dans cet esprit que la ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, s’est engagée à fixer des normes nationales d’encadrement pour mieux prévenir toute violence sexuelle envers les femmes sur les campus, particulièrement lors d'activités d'initiation – je préfère parler d’activités d’accueil. La ministre a aussi annoncé l’organisation de journées de réflexion pour prévenir les violences sexuelles : l’UdeM participera activement à ces efforts et continuera de travailler en ce sens.

Cet automne, j’ai demandé à mon équipe de réviser chacune de nos politiques et de nos règles entourant les activités d’accueil afin que nous puissions garantir à tous nos étudiants et toutes nos étudiantes une intégration à la vie universitaire qui soit exempte d’intimidation ou de harcèlement. Nous avons resserré les mesures de sécurité dans nos résidences et nous examinons toutes les avenues par lesquelles nous pouvons faire de notre campus un milieu de vie encore plus sain et sécuritaire pour tous.

Notre Université a aussi travaillé activement à la préparation du rapport commandé par le Bureau de coopération interuniversitaire sur « le harcèlement et les violences à caractère sexuel dans le milieu universitaire », rapport qui sera traduit sous peu pour servir de base de discussion au Canada anglais. La directrice de notre Bureau d’intervention en matière de harcèlement, Pascale Poudrette, a joué un rôle de leader dans ce projet comme dans beaucoup d’autres liés à ces questions, ce qui lui a valu dernièrement d’être lauréate du prix Ensemble contre l’intimidation remis par le gouvernement du Québec.

Il y a deux ans, sous le thème « Sans oui, c’est non », l’UdeM a lancé une grande campagne de sensibilisation au consentement sexuel avec la précieuse collaboration des associations étudiantes, campagne qui a fait boule de neige et est maintenant adoptée par tous les campus du Québec. Si nous avons choisi cette voie, c’est que nous étions convaincus que l’éducation et la sensibilisation sont les meilleurs moyens de faire avancer les choses.

À l’évidence, il faudra faire davantage et mieux. L’éducation, c’est exactement ça : apprendre et faire mieux. Collectivement.